En su 92 aniversario, hoy 22 de septiembre de 2022

ÁNGEL DUARTE,
LA PROPORTION COMME
ESSENCE DE LA SCULPTURE
«Le plus mathématicien des sculpteurs, le plus poète des
mathématiciens». Marcel Joray

 


 
L a figure d’Ángel Duarte, membre fondateur de l’Equipo 57, né en 1930 à Aldeanueva del Camino en Espagne et mort à Sierre, Suisse, en 2007, doit être circonscrite, d’un point de vue purement historiographique, dans la tradition conceptuelle la plus pertinente sur les formes géométriques, dont les origines peuvent être établies dans le Timéo de Platon, où il a été affirmé qu’ à la multiplicité correspond une idée unique, son essence. Ángel Duarte, participant aux avancées de la science, s’est toujours efforcé de définir la figure de l’artiste non comme un individu isolé, mais comme un sujet qui agit sur le collectif et sur lui-même. Ainsi, ses oeuvres doivent être comprises non seulement d’un point de vue formel, logique ou mathématique, mais aussi du point de vue de l’image elle-même et de sa sériation.


Aujourd’hui, avec le recul suffisant, Ángel Duarte en tant qu’artiste - ou avec l’Equipo 57 et le groupe Y - a fourni au spectateur l’occasion d’organiser l’oeuvre selon son propre regard, l’intégrant dans son sens et donnant lieu à une esthétique profondément liée à notre temps.


A la fin 1961, (avec une dernière manifestation officielle en 1966 à la Galerie Aktuel à Berne), les divergences conceptuelles amenèrent les membres du groupe espagnol Equipo 57 à des positions individuelles. Ceci, dans le cas d’Ángel Duarte le conduisit en Suisse, où il allait fonder l’Association Valaisanne des Artistes en 1963. Il y poursuivit son parcours en solo et projeta ses inquiétudes sur unebase mathématique ce qui le rapprocha de Max Bill et de Georges Vantongerloo. En 1967, avec Walter Fischer et Robert Tanner, il créa le Groupe Y, poursuivant clairement les postulats qu’il défendait, enrichis par ses contacts antérieurs avec des groupes comme Nouvelle Tendance et les groupes italiens: Gruppo T de Milan, avec ses aspects cinétiques, le Gruppo N de Padoue et son intérêt pour les applications luminiques. Tout un bagage basé sur la recherche scientifique des phénomènes physiques, tels que la lumière et le mouvement, et leur intégration dans la structure artistique.

 



La méthode et le processus, développés durant ces années, ont été résumés dans ses créations personnelles, toutes réalisées en Suisse. L’espace comme vide, la rigueur constructive, l’application de nouvelles technologies et l’abandon de tout indice subjectif l’ont conduit à développer son travail dans le domaine strictement géométrique, avec l’apport fondamental du paraboloide  hyperbolique, une surface réglée qui fixe le point exact auquel un espace rejoint un autre, donnant continuité et unité, sculpturale avant tout, et approfondissant l’idée d’interactivité.

 


C’est ainsi qu’au début des années 1970, Ángel Duarte, incontestablement reconnu en Suisse et hors frontières, commença le développement de ses grandes sculptures monumentales qui n’étaient jusqu’alors que des projets en acier inoxydable, polystyrène ou fer galvanisé. Ces travaux sont le résultat d’une étude soigneuse, commencée dans les années antérieures à 1970, sur les armatures et les caractéristiques géométriques et mécaniques1. Ces exigences techniques ont fait d’Ángel Duarte un véritable ingénieur2 dans le calcul des structures, l’étude de la réponse du ciment ou du polyester projeté, la conjugaison des lois optiques, des contrastes simultanés et des plans des surfaces avec la géométrie interne de la Nature elle-même ainsi que dans la configuration d’un langage gestaltique propre avec la modération chromatique que possèdent ses oeuvres et dans le langage binaire de la cybernétique.

 


Suivant ces principes de base, les sculptures ainsi que les reliefs, peintures et sérigraphies des années 1970 et du début des années 1980 se sont centrés sur la tentative analytique de définir la multiplicité spatiale dans une surface donnée (avec un ou plusieurs plans). Il a souligné l’unité de forme et de couleur, déterminant que les oeuvres fussent un véritable champ de recherche. Il les a conçues comme quelque chose qui engloberait le statique et le dynamique, le continu et le discontinu et il structura les “signes” par des principes mathématiques, reliant ainsi les éléments topologiques aux éléments méthodologiques (3), comme on peut le voir dans les grandes sculptures de Lausanne à Pully et Ouchy. La rigueur constructive, les investigations sur le vide et le contact direct avec Max Bill ont fait passer Ángel Duarte d’une mathématique logique à une logique des mathématiques (4) et ainsi développer pleinement chacun des concepts qui l’avaient tant attiré de Piet Mondrian et de Georges Vantongerloo. Parallèlement, il intégra dans ses créations les nouvelles technologies pour déterminer les liens entre l’unité et la continuité, les inflexions et les incidences, la masse et le vide. Il poursuivait le seul objectif de s’identifier pleinement au grand monde de l’abstraction(5).

 


Son oeuvre, aux multiples facettes, n’est aujourd’hui que le reflet vivant des conquêtes que la Modernité a apporté à l’Histoire, un reflet de l’influence qu’elle continuera d’avoir sur la culture malgré la crise sociale, la globalisation, la révolution médiatique, la consommation exacerbée, la fragmentation de la démocratie, l’éclectisme idéologique et malgré cette époque d’épigones dans laquelle nous sommes plongés.

 



 

 

1. Jiménez Montoya, P. et al, Hormigón armado, T.I, Gustavo Gili, S.A. Barcelona, 1987, pages. 143-161

2. CASSINA, G., «Notas sobre las intevenciones en los espacios públicos suizos», Ángel Duarte, Éditions L. Madrid, 1992, p.72

3. Voir le livre de Piaget, El Estructuralismo, Proteo, Buenos Aires,1968

4. Joray, M., «Ángel Duarte : Le plus mathématicien des sculpteurs, le plus poète des mathématiciens» à Duarte, Städitsche Galerie zum Staruhof, Zurich, 1981, s.p.

5. CANO RAMOS, J., Ángel Duarte, Junta de Extremadura, Mérida, 2019, p. 188

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